Une page de polémique
Une page de polémique relatée dans l'Union au sujet de l'intervention d'un bureau d'études pour changer les fenêtres de la ville de Laon.
Tout d'abord, si la France est par principe réfractaire aux bureaux d'études, c'est que nous sommes souvent persuadés savoir tout faire.
Je "fais" beaucoup d'expertises judiciaires. Puis-je vous raconter l'histoire de ce conseil général (pas l'Aisne) qui a chargé son technicien du remplacement des fenêtres d'un collège sans prendre de bureau d'études (toujours 3 à 4.000 euros d'économisés) ?
Le hic, c'est qu'aucune fenêtre remplacée n'était réglementaire car dans ce type d'établissement, les vitrages doivent être prévus pour ne pas blesser les élèves en cas de bris ou être coupe-feu à certains endroits. Conclusion : un changement de vitrages, plus un second quelques mois plus tard pour 150.000 euros. Belle économie.
A Laon, c'est un bâtiment (l'hôtel de ville) dont les travaux sont soumis à l'avis de l'architecte des bâtiments de France. Il est encore désolant de lire qu'un élu pense que cet architecte définit les travaux. Non, il donne un avis sur les matériaux, les couleurs et l'architecture, mais ne prescrit rien de technique. Ça n'est pas son rôle.
Quant à l'utilité du bureau d'études : il s'agit d'un bâtiment ancien.
Combien d'expertises où de braves "je sais tout" provoquent des catastrophes (humidité, moisissures ...) en faisant remplacer des fenêtres anciennes par des fenêtres neuves étanches à l'air. Combien de grilles d'aération placées dans les mauvaises pièces, ou absentes. Il existe des variétés de vitrages pour les façades, nord, sud ...
Et bien oui, un bureau d'études fait gagner de l'argent et évite les catastrophes.
Les normes actuelles imposent des performances d'isolation à l'eau, à l'air, au vent, des hauteurs de poignées, des types de vitrages, des résistances aux chocs, au feu ...
De plus, je lis qu'il y aurait 3 entreprises intervenantes. Il faut donc un coordinateur "sécurité, protection de la santé" pour garantir la sécurité des entreprises et du public ou des employés.
On pense ce qu'on veut de cette avalanche réglementaire, mais c'est la loi. Ce que le conseil général, plus haut cité, avait oublié.
Quant à cette fameuse phrase souvent lue "il faut la signature d'un architecte", elle équivaut à dire que pour obtenir des médicaments il faut la signature d'un médecin.
Difficile d'ôter cette idée que l'architecte signe. Non il conçoit, prescrit, décrit et engage sa responsabilité.
Savez-vous que le coût de l'assurance représente entre 8 et 10 % de ce que gagne un architecte ?