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Le blog de Renaud BELLIERE
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27 septembre 2016

Charges : un autre point de vue

Vous souvenez-vous de mon blog du 22 septembre, reprenant l'article Franck Mauerhan ?
Un lecteur me fait parvenir un autre article rédigé par Christian Wodli, repris sur l'espace de libre expression de Mediapart.
Si le premier article est excessif et peu rigoureux, celui-ci l'est tout autant :
Toutes les entreprises ne bénéficient pas du CICE. Quant à l'embauche PME ...

Effectivement les impôts servent à payer les dépenses publiques. Ces dépenses sont-elles toutes justifiées, c'est une autre paire de manche ?

On pourrait retenir de ces 2 "démonstrations" que pour 100 € payé par l'entreprise, le salarié dispose d'un pouvoir d'achat réel d'environ (78 + 39)/2  si l'on prend la moyenne, soit 55 €, selon la configuration de l'entreprise.

Voici donc ce nouvel article (après on clôt le débat) :

CQDF ?

Ce texte serait une démonstration implacable … si la démonstration était exacte. Mais voilà, elle est (très) FAUSSE.

C’est avec de telles caricatures qu’on propage des idées fausses, qui aboutissent à de mauvais diagnostics et à de mauvaises mesures correctives ... les mêmes depuis 30 ans, qui nous ont amenées là où nous en sommes.

Le chef d'entreprise que cite l'auteur de ce billet propose de « changer la donne pour inverser  la courbe du chômage » ? Eh bien qu’il apprenne que c’est déjà fait ! Un salarié payé au smic ne coûte en 2016 déjà quasiment plus aucune COTISATION patronale à son entreprise. QUI LE SAIT et QUI LE DIT ?

Prenons dans l’ordre tous  les chiffres annoncés dans ce billet.

50 € de charges patronales (pour 100 € de salaire brut) ?

Cela ne concerne que les salaires supérieurs à plus de 2,5 fois le smic (soit 3643 € bruts en 2015), c’est-à-dire  selon l’Observatoire des Inagalités environ 20% des salariés.

Pour TOUS les autres salariés, les cotisations patronales qui figurent bien sur les feuilles de paie sont partiellement remboursées à l’entreprise par 2 mécanismes : la réduction Fillon sur les bas salaires (dégressive jusqu’à 1,6 x Smic) et le CICE (jusqu’à 2,5 Smic).

Résultat : en bas de l’échelle des salaires, un salarié payé au SMIC ne « coûte » plus à son employeur que 5 à 6 % de son salaire brut. QUI LE SAIT et QUI LE DIT ? (Il n'y a pas d'obligation de faire apparaître la réduction Fillon sur la fiche de paie et le remboursement grâce au CICE n'est pas individualisé ce qui le rend peu perceptible par le salarié. Sa fiche de paie liste toujours TOUTES les cotisations patronales, et ne laisse pas souvent apparaître les remboursement qui les allègent). 

 Et cela, sans compter l’opération « Embauche PME » qui garantit à l'employeur le remboursement de TOUTES les cotisations patronales pour les embauches avant le 31/12/2016.

 Impôt sur le revenu à 30% ? Cette affirmation suppose que le salarié concerné ait un taux d’imposition sur ses revenus salariaux de 30% ! Sans entrer dans les détails, pour atteindre ce taux MOYEN il faut gagner plus de 15.000 € par mois /quotient familial (cad 15.000 €/mois  pour un célibataire, 30.000 €/mois pour un couple, etc…) Cela ne concerne donc qu’une infime partie des salariés ... qui a ces niveaux de salaires ont de multiples possibilités (comprenez « niches fiscales) pour alléger le poids de leur impôt.

 20% de TVA déduite du pouvoir d’achat ? Le pouvoir d’achat s’évalue par rapport aux prix des produits toutes taxes comprises. C’est donc une erreur de raisonnement que de déduire ces 20% pour définir le pouvoir d’achat de 100 € de salaire brut.

A noter que la moyenne de la TVA payée par les bas salaires est inférieure à 20%, car les produits alimentaires et de première nécessité ont une TVA de 5,5% (certains autres sont à 10% seulement). Hors ce sont ces produits que les salariés modestes consomment en priorité.

 Ainsi donc la brillante démonstration proposée est FAUSSE.et alimente les idées reçues et la caricature.

Dans le bas de la pyramide des salaires, pour un salarié au smic, 100€ bruts de salaire coûtent 105 € à l’employeur  et  il reste 78 € au salarié. CQFD !

Post-scriptum : faut-il encore rappeler en plus que les "charges" sociales (en fait des COTISATIONS") ne sont pas des billets de banque qui sont brûlés et perdus pour l'économie française ? Bien au contraire, ils alimentent une part importante de l'économie française sous forme d'investissement publics, d'infrastructures, de salaires, d'éducation, de santé, etc ... Ainsi, de très nombreux chefs d'entreprises qui se plaignent du poids de ces prélèvements en bénéficient à travers les dépenses de l'état qui alimentent leurs chiffres d'affaires ... et leurs marges.

 

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