Urbanisme : centre ville

J'évoquais Ljubljana hier.
Quel plaisir de découvrir une ville et d'appréhender l'évolution de son urbanisme.
Ljubljana n'échappe pas à la règle. Ville de plaine dont la véritable histoire commence sous l'empire romain, et dont le développement s'accélère après l'épopée napoléonienne.
Et comme pour chaque ville, des projets d'urbanisme portés par quelques hommes qui savent imposer une vision de développement.
Lorsque nous avons envisagé la modernisation du centre ville, nous avons posé de grands principes pour "cadrer" l'intervention des concepteurs retenus dans le cadre d'un concours d'architecture et d'ingénierie :
faire de cette place Mouflier qui n'en est pas une (elle est très peu large, étroite, petite à l'échelle de la ville) une place de rencontre, une place symbole de ville
faire un aménagement contemporain (l'histoire a toujours vu éclore des projets modernes - c'est plutôt maintenant que l'on a parfois recours au pastiche d'ancien)
privilégier les piétons et les vélos qui vont revenir en force dans les villes
créer des lieux de stationnement proches et faire que les automobilistes passent devant les magasins et y reviennent très vite s'ils n'ont pas trouvé à stationner devant (et repassent devant des parkings très proches)
sécuriser en faisant que la vitesse se réduise
J'avoue avoir été surpris des polémiques qui sont nées lors de la campagne municipale, mais plus encore lors de la réunion publique organisée par la nouvelle municipalité.

Bon, je sais que le moteur actuel qui fait fonctionner actuellement cette municipalité est de gommer tout ce qui a été fait.
Mais quand on fait de l'urbanisme (c'est à dire de l'aménagement de ville), on ne vient pas en disant : "je vous écoute".
Historiquement les projets d'urbanisme n'ont jamais été concertés (imaginez les projets Haussmanniens soumis à concertation; rappelez-vous les cris des commerçants de Paris qui n'ont pas voulu que les lignes de métro rejoignent directement 2 gares car ils craignaient la fuite de la clientèle hors la ville ...). Il en va différemment aujourd'hui et c'est bien.
Mais chacun d'entre nous est incapable d'imaginer un projet urbain, ou même un sens de circulation, sans pour cela avoir des données, des plans, un projet ... et un temps d'étude et de réflexion.
MM Pruski et Duvauchelle se sont dits déçus de la réunion et en voulaient manifestement au public, et surtout à ce monsieur qui a demandé à plusieurs reprises : "quels sont les raisons, griefs ou perspectives qui motivent le désir de changer ?".
Il n'y a jamais eu aucune réponse à cette question. Si ce n'est "nous n'avons aucune idée derrière la tête, mais tous les commerçants se plaignent; nous vous écoutons".
Nous le savons, certains commerçants sont persuadés qu'un double sens et plus d'emplacement de stationnement sur la place favoriserait leur commerce. Il faut cependant se souvenir que ce n'est pas les voitures qui achètent, mais les piétons et qu'il y a maintenant beaucoup plus de piétons sur la place qu'avant. Il faut également savoir qu'un double sens créera un croisement au niveau de la rue de Verdun qui produira les mêmes embouteillages qu'avant, et enverra une partie de la clientèle hors la rue du général Mangin qui commence à se revitaliser.
Sur le principe de l'écoute sans projet à discuter, soyons clairs : les crottes de chiens, le respect de la réglementation de la zone bleue, la position et la taille des miroirs, le traçage des places de parking, les plans de ville et même la taille des bornes sont certes des problèmes quotidiens qu'il faut gérer, mais absolument pas de l'urbanisme.
Franchement, nous avons atteint lors de cette réunion le degré zéro de la réflexion urbaine de la part des élus.
L'urbanisme est chose sérieuse qui engage l'avenir d'une ville.
Maîtriser cette discipline n'est pas facile, et les élus ne sont pas spécialistes de tout.
Mais dans ce cas, il faut faire appel à des professionnels.
Ne serait-ce que pour faire des propositions alternatives, mais raisonnées et travaillées en amont !