Souvenir ou repentance

Il est fréquent qu'un peuple demande à un autre de se repentir de ses actions passées.
Tel pays conditionne ses relations avec un autre à cette condition; telle communauté l'exige d'une autre.
L'esclavage, qui rappelons-le existe toujours sous des formes plus ou moins marquées fut jadis une organisation économique.
Le monde moderne et surtout la démocratie permettent peu à peu de rendre universelle la liberté.
Pour l'égalité et la fraternité, c'est encore plus difficile.
Le souvenir est utile pour essayer de tirer parti des erreurs ou fautes commises dans le passé afin qu'elles ne se reproduisent plus.
C'est pourquoi les cérémonies du souvenir ont leur importance.
Mais la repentance à tout va a-t'elle une utilité didactique ?
Au-delà des mots, nous sentons-nous vraiment et personnellement concernés par ce qu'ont fait nos aïeux dans des organisations sociétales totalement différentes de celle dans laquelle nous vivons ?
Doit-on demander à chaque allemand que nous croisons de se repentir avant de lui serrer la main ?
Alors cessons de voir l'histoire sous la lumière de la morale du XXIème siècle.
La réforme de l'enseignement de l'histoire de France qui entrera en vigueur cette année dans les collèges, en faisant la part belle à l'aventure coloniale sous l'angle du reproche, et en mettant sur le côté Napoléon 1er et Louis XIV suscite de nombreuses protestations d'historiens et de professeurs d'histoire. Une pétition circule. Je l'ai signée.
On déplore que les enfants deviennent incultes. On peut vivre sans connaître son histoire, mais on vit mieux en la connaissant.
Napoléon 1er et Louis XIV ont marqué la France. Avec du bon et du mauvais. C'est ainsi. On doit s'en souvenir.
On doit retenir aussi leurs erreurs, mais certainement pas les stigmatiser ou les oublier. 
Cela ne nous appartient plus, mais appartient à l'histoire. Ne la bricolons pas.